La chanteuse et pédagogue Anne-Florence Schneider s’est vue confier par Chorus une carte blanche qui s’est développée sur trois jours : jam vocale le 16 mars, jazz et comédie musicale le 17, et, le samedi 18 mars, « caipirinha sur le gâteau » le groupe Donaflor qui nous a emmenés au Brésil avec la présence étonnante de l’octogénaire buriné et légendaire Raul de Souza, roi du trombone. Un bel écrin pour Anne-Florence…
Mais d’abord, petit message à certains de mes amis jazzeux qui proclament haut et fort que la bossa nova, samba, et autre « boum-tchic » qui gravite autour du Christ du Corcovado : « c’est pas du jazz ». Ces amis sectaires et pisse-froids oublient que les harmonies et les structures de la bossa nova sont issues du jazz et plus précisément du cool des années 1950. Cette musique a apporté au jazz une pulsation rythmique nouvelle ainsi qu’un grand nombre de thèmes originaux. Bien sûr, les plus grands se sont emparés de cette musique (Dizzy, Stan Getz, Quincy Jones, et tant d’autres) et ont aussi connu une réussite commerciale certaine, qui font grincer des dents mes fameux amis puristes… Tant pis pour eux.
Car ils n’ont pas écouté Raul De Souza à Chorus ! Mine de rien, il a illuminé la soirée de sa sonorité soyeuse, maîtrisée, toute en finesse et en justesse, et avec un art consommé de la mélodie et des harmonies. J’ai rarement éprouvé autant de respect et d’émotion pour une telle légende encore vivante, qui a côtoyé Sergio Mendes, Milton Nascimento, George Duke, Sonny Rollins, … tant d’étoiles !
Très à l’écoute de l’homme-trombone et d’Anne-Florence Schneider, dont la voix presque sans vibrato convient très bien à ce répertoire, le groupe Donaflor (Dudu Penz, b – Floriano Inacio, p – Mauro Martins, dr et Claude Schneider, g – le frère de…) a assuré avec brio ce superbe concert.
Gabriel Décoppet