Samedi 12 octobre dernier, dans le cadre du Festival Jazz Contreband, Chorus accueillait le quartet de Louis Sclavis, formé de Christophe Lavergne à la batterie, Benjamin Moussay au piano, Sarah Murcia à la contrebasse et le leader du groupe, Louis Sclavis à la clarinette et à la clarinette basse. J’avoue que ces deux instruments me sont chers, pour le son et pour l’émotion qu’ils procurent.
« Rayonnance » : ce néologisme (déjà utilisé en sciences, rassurez-vous) s’applique parfaitement à Louis Sclavis. Sa musique est en effet un mélange de rayonnement et de résonnance. Avec sa nouvelle création « Characters On a Wall », Sclavis fait résonner musicalement les fresques picturales du plasticien Ernest Pignon Ernest, un des maîtres du street art. Arthur Rimbaud, Pier Paolo Pasolini, Jean Genet, Mahmoud Darwich, cotoient La dame de Martigues ou des tableaux comme Les Prisons, Réfugiés ou Extase. Quant au rayonnement, il faut le chercher du côté de Louis Sclavis lui-même, son parcours, sa musique, ses rencontres et ses recherches : passionnément humain. Il y a de la verve dans son écriture comme dans ses improvisations. Ses sens sont en éveil permanent. Sa liberté est inventive.
Le concert en fut une splendide démonstration. Les compositions alternent balade et écriture plus contemporaine. Sclavis manie ses clarinettes avec élégance et émotion, avec quelques fulgurances free bienvenues. La complicité avec ses trois partenaires est totale. Le jeu au piano de Benjamin Moussay est énergique, volubile, et finement swing. Christophe Lavergne, prodigieux, fait résonner sa batterie de multiples sons percussifs qui forcent l’imagination. Quant à Sarah Murcia, sa contrebasse irradie l’ensemble avec puissance et justesse, et donne un ancrage saisissant à cette musique exigeante mais ô combien captivante.
Gabriel Décoppet