Jetons un coup de périscope sur la première partie de la saison de Chorus, d’octobre à décembre 2016. Au bilan, mémorables concerts, taux de fréquentation à la hausse. Chorus maintient le cap, on s’en réjouit.
Rappelez-nous quelques beaux moments.
Lancement en fanfare le 7 octobre 2016 avec le groupe emmené par le trompettiste tessinois Franco Ambrosetti et l’excellent pianiste italien Dado Moroni. La dynastie Ambrosetti est au jazz ce que la dynastie Ming est aux vases du même nom. Le père Flavio (1919 – 2012) fut l’un des grands acteurs du jazz suisse et européen ; ses amours parkériennes se traduisirent au saxophone alto, au ténor et au soprano. J’ai un souvenir ému de sa présence lumineuse, dans les années 70, au sein du Concert Jazz Band de George Gruntz. Le fils, Franco, né en 1941, reste l’un des maîtres incontestés du bugle : sonorité ronde, virtuosité, inventivité. A Chorus, son interprétation de « My Foolish Hearts » fut sublimement émouvante. Franco était accompagné de son fils, Gianluca, au soprano, digne successeur de son grand-père. La relève est assurée.
Les 13 et 14 octobre, le vibraphoniste américain Mark Sherman avait bouffé du lion pour l’enregistrement de ses concerts « Live at Chorus vol. 2 ». La redoutable rythmique (Martin Gjanovoski à la basse, au doigté exceptionnel, Gary Husband à la batterie, époustouflant de swing) servait un Antonio Faraò volubile au piano et donc un Mark Sherman déchaîné. Rien que le premier morceau, « Fried Bananas » de Dexter Gordon, a su donner le ton de cet événement.
Concert d’une grande élégance, le 12 novembre, avec le guitariste new-yorkais « qui monte » Gilad Hekselman, doté d’une incomparable virtuosité. J’ai vivement apprécié la douceur de l’accompagnement, que ce soit Joe Martin à la basse, ou Kush Abadey à la batterie (une tête à la George Duke) ; retenez bien ce nom, c’est un drummer remarquable de finesse et de sensibilité.
Autre artiste « qui monte » : la chanteuse française Sarah Lancman, qui présentait son nouvel album « Inspiring Love » à Chorus le 26 novembre, devant un parterre archi-comble. Compliments d’abord aux musiciens, qui offrirent un écrin incomparable à Sarah : Giovanni Mirabassi (p), Alex Sipiagin (tp), Gianluca Renzi (b), Gene Jackson (dr). Sarah a tout d’une grande : le charme sans le maniérisme, une voix bien timbrée sans vibrato superficiel, une belle sensibilité, une artiste à suivre…
Coup de chapeau encore à Thierry Lang qui fêtait à Chorus derrière son piano ses 60 ans. Un cap à marquer d’une pierre blanche…
Il y eut bien d’autres concerts, bien sûr, ceci n’est qu’un aperçu.
Gabriel Décoppet