Samedi 18 novembre, Chorus accueillait du jazz résolument actuel avec le quartet du batteur et compositeur new-yorkais Devin Gray, accompagné de Chris Speed au saxophone ténor, de Peter Madsen au piano et de Drew Gress à la basse.
Dans une récente interview, Devin Gray, 32 ans, affirme qu’au-delà d’une passion et d’un métier, la musique est « une responsabilité ». Cela s’entend sur disque et sur scène. Les quatre compères font les choses sérieusement, tout en ne se prenant pas trop au sérieux. Le leader se révèle ce soir-là enjoué, malicieux, modeste. Et, par-dessus le marché, un redoutable batteur, subtil, précis, doublé d’un compositeur hors pair : « La musique que je compose se trouve quelque part entre la pop, la musique classique contemporaine et le jazz improvisé. Mes inspirations sont diverses et comprennent entre autres la recherche et la réflexion contemplative. » Ses repères sont David Liebman, Tony Malaby, Gary Thomas, des figures du jazz d’aujourd’hui.
L’univers proposé par Gray est dans un premier temps un peu déroutant, car il flirte avec le free. Mais on y entre peu à peu, séduit par la complexité de l’ensemble, la rigueur de cette musique (partitions obligent) et les changements surprenants de rythmes. Le talent des musiciens complète ce tableau : Chris Speed au ténor (et à la clarinette sur un titre) est d’un lyrisme discret – on aurait presque souhaité que son souffle soit un poil plus amplifié; la basse de Drew Gress est précise ; quant au pianiste Peter Madsen, il est remarquable de maîtrise mélodique, avec quelques envolées à la Don Pullen. L’exécution de certaines mélodies à l’unisson entre piano et saxophone est d’ailleurs impressionnante.
En conclusion, une légèreté et une fraîcheur créatives bienvenues à Chorus.
Gabriel Décoppet