Célia Kaméni (voc), Alfio Origlio (p), Jérôme Regard (b), Zaza Desiderio (dm)
Commençons par une citation élogieuse de Libération pour cette jeune chanteuse originaire du Cameroun et Lyonnaise de naissance : « Célia Kaméni est un oiseau de paradis dans une cage ciselée à la perfection par les reprises inventives d’Alfio Origlio ». Après un passage remarqué au Club One More Time de Genève, la voici à Chorus, devant une salle comble, sensation réjouissante par les temps qui courent. Si le pianiste français Alfio Origlio (Michel Jonasz, Salif Keïta, Henri Salvador, Bobby McFerrin, Ernie Watts, Daniel Humair, etc.) mène la danse, l’attention est immédiatement portée sur la vocaliste. Dès les premières mesures, on sent son bagage classique avant que le jazz ne pointe. Une référence me « saute contre » : Abbey Lincoln. Une même manière d’appréhender les textes, de s’approprier leur sens, de les interpréter de tout son corps, de toute son âme, avec charisme, grâce et profondeur. Les thèmes se succèdent : un « Goldfinger » métamorphosé, un « Caravan » étonnant. Et des compositions des Beatles, de Stevie Wonder, de Gregory Porter, ou encore de Jimmy Hendrix. Lors du second set, Célia Kaméni prend avec bonheur quelque distance avec l’ »académisme » du début en explorant d’autres facettes de son immense talent, le blues notamment. Le tout est servi par un Alfio Origlio délicat, attentif et inventif dans ses arrangements, et un remarquable trio, Zaza Desiderio d’une discrétion éblouissante à la batterie, et Jérôme Regard solide à la basse. Une très belle soirée.
Gabriel Décoppet