L’excellent concert donné à Chorus le 14 janvier dernier par Stefano Saccon et son Group XIII m’a donné envie d’écrire cette bafouille et de lui témoigner, au-delà du jazz, toute mon amitié. Un billet affectif, en quelque sorte.
Notre première rencontre date de 2013. Avec Serge Wintsch, alors Président de l’Association Onze+ (qui organise à Lausanne le Festival du même nom chaque automne), j’étais à la recherche d’un nouveau lieu qui puisse accueillir une des activités de Onze + « Ecouter du jazz actuel ». Réunir des amateurs de jazz autour d’un thème en amenant chacun-e un disque et le faire écouter aux autres, tel est l’enjeu de ces joutes musicales. Après dix ans d’hébergement à Chorus, Jean-Claude Rochat souhaitait consacrer ses jeudis aux concerts de l’EJMA et de la HEMU. Il me mit en contact avec Stefano Saccon, alors directeur de l’EJMA. Nous voici donc invités, Serge Wintsch et moi, dans le bureau de l’effervescent directeur de l’école du Flon, qui accepte le deal avec enthousiasme et ouverture d’esprit. Chapeau donc à Stefano et à son successeur à l’EJMA Julien Feltin, qui continue à accueillir nos écoutes.
L’humour, l’amour des nourritures terrestres, la passion pour le jazz, le sens de la curiosité, le goût de la vie et la conviction inébranlable que le jazz n’est pas mort, ont fait que le courant a immédiatement passé entre nous. Cela s’est traduit par un mémorable concert que Stefano a accepté de donner lors d’une fête privée à Chorus, par des échanges viti-vinicoles de haute volée dans la campagne genevoise (oui, ILS ont fait des progrès…), et par le fait que je suis parvenu à l’intéresser à une autre association, genevoise celle-là, l’AGMJ – Association Genevoise des Musiciens de Jazz – à laquelle je participais comme membre du comité. Ce fait d’arme, je l’avoue, fut peu glorieux et de courte durée, car nous quittâmes presque ensemble et assez rapidement cette (trop) sage assemblée.
Quelques brèves rencontres, mails et coups de fil plus tard, me voici au fameux concert de Chorus le 14 janvier dernier. Arrivé en plein sound check, Stefano me gratifie au micro d’une joviale bordée de jurons, saute de la scène, se précipite sur moi et m’étreint façon « ritale », comme j’aime (je suis « rital » au moins autant que lui…).
A 21h, le concert commence. Saccon déploie tous ses charmes de jeune quinquagénaire face à un public attentif, par les mots, par un certain style (quel beau gilet !) et par le son incomparable de son saxophone alto. Dans la lignée des Phil Woods, George Robert et tant d’autres, ce Stefano-là est un mélodiste hors pair. La soirée s’égrène, dense, harmonieuse, maîtrisée, et fait la part belle aux morceaux de son dernier CD « Live à La Cave » sorti en 2014 : « Tango Luz », « E Lucevan le Stelle », « Sur les Cimes », et « Le Rital », une sorte d’espèce de rap qui évoque le personnage imaginaire (?) de Johnny Paliucci, le roi de la pizza new-yorkaise…
Bref, une musique hautement pulsée, fortement communicative, aux confluents de mouvements musicaux divers, et toujours avec « la mélodie du bonheur » inscrit dans les gènes de notre ami Stefano…
Gabriel Décoppet