« Concerto for Piano and Universe » : le titre de ce morceau, interprété par le pianiste brésilien Alex Correa le 6 octobre dernier à Chorus, résume à lui seul le personnage et sa musique. Un mélange volubile de haut vol, entre racines brésiliennes et modernité, avec un zeste de spiritualité universelle. Le tout servi par un groupe de musiciens remarquables, à commencer par le trompettiste et bugliste Alex Sipiagin (un habitué de Chorus), suivi du batteur Rodrigo Digao Braz et surtout du bassiste Felipe Brisola, d’une puissance et d’une justesse prodigieuses.
Un mot sur l’indispensable Alex Sipiagin. C’est sans conteste un trompettiste majeur du jazz actuel. A 50 ans, il maîtrise son art à la perfection. S’il se fait plus percutant à la trompette, la sonorité de son bugle est parfaite de rondeur sans être « sucrée ».
C’est peut-être le leader de ce soir-là, Alex Correa, qui aura suscité le plus d’interrogations à l’écoute de son jeu et de son style. Sur le plan technique, il est redoutable. Il est capable de glisser d’émouvantes ponctuations harmonieuses dans des moments de maelströms sonores déroutants mais efficaces. Il faut chercher la source de cette âpreté sonore dans ses compositions complexes, multi-rythmiques, parfois hachées, qui ne débouchent pas toujours sur une séduction immédiate. Il faut entrer (ou non) dans son univers.
La seconde partie du concert fut plus cohérente à mon goût, avec des musiciens plus à l’aise, ayant mieux pris leurs marques, et avec un Alex Sipiagnin époustouflant.
La 30ème saison de Chorus est lancée !
Gabriel Décoppet