Samedi 19 octobre, ambiance feutrée, presque de recueillement, avec la pianiste, compositrice et arrangeuse Lynne Arriale, de retour à Chorus après… 17 ans d’absence ! La séduisante Américaine était accompagnée pour l’occasion de Jasper Somsen à la basse et de E.J. Strickland à la batterie.
Cours de piano classique à l’âge de 4 ans, conservatoire, prix de composition, le début du parcours de Lynne Arriale est académique. Puis, à 20 ans, c’est l’éblouissement pour l’improvisation et le jazz. A New York, elle admire et rencontre Chick Corea, Bill Evans, Keith Jarrett, Herbie Hancock. En 1991, elle se fait connaître en tournée avec les fameux 100 Golden Fingers (Hank Jones, Tommy Flanagan, Kenny Barron, Harold Mabern, Junior Mance, Monty Alexander, Roger Kellaway, Ray Bryant et Cedar Walton). Excusez du peu.
Sur la scène lausannoise, la maîtrise pianistique de Lynne Arriale est indéniable. Le trio lui va bien et permet une tonicité bienvenue au répertoire présenté. Cela va de « Woodstock » de Joni Mitchel, à ses propres compositions (« Finding Home », « Over and Out », « The Dreamers », « Hope », en passant par deux reprises des Beatles. Les morceaux sont prétextes à des introductions, adressées à l’auditoire, pleines d’humanité et de compassion. Des constats amers sur le monde, mais un esprit positif inoxydable. L’un des meilleurs morceaux est peut-être « Passionata », mélange subtil de jazz et de musique classique, voire baroque, au rythme syncopé qui illustre bien le talent de la dame.
Encore un mot sur ses partenaires : à la basse, Jasper Somsen pulse admirablement et semble danser avec son instrument au gré des ambiances ; quant à E.J. Strickland à la batterie, il donne par sa force et sa précision une couleur moderne et vivifiante à l’ensemble.
Gabriel Décoppet