Le 16 février dernier, Chorus accueillait le groupe du saxophoniste portoricain Miguel Zenon (Luis Perdomo au piano, Hans Glawischnig à la basse et Henry Cole à la batterie), pour une évocation de son dernier album « Tipico ».
Le concert, à l’image de l’album, fut avant tout la célébration de la vitalité du quartet de Zenon. Plus de quinze ans de compagnonnage, c’est dire la complicité qui soude le combo. Leur langage est le jazz moderne, avec la virtuosité instrumentale et la complexité rythmique et harmonique que cela sous-entend. Mais l’ensemble est fluide, délicat, envoûtant. La démarche est intelligente, sensible et reflète bien l’univers sonore du groupe.
Cette « fusion » (mot tant galvaudé mais à prendre ici au sens noble du terme) vient également du talent des partenaires de Miguel Zenon. Le pianiste Luis Perdomo, à la carrure imposante, instille là où il faut une touche latino dans ce jazz si bien maîtrisé. A la basse, Hans Glawischnig est un maître. Quant au batteur Henry Cole, il est à la fois efficace, précis et discret ; en clair, il ne fait pas partie de la race des « cogneurs », et c’est tant mieux…
Disons-le franchement, on devrait voir Miguel Zenon plus souvent sur nos scènes musicales. A bientôt 42 ans, il a une maîtrise absolue de son instrument et la sonorité qu’il produit est tout simplement parfaite. Il réussit la symbiose entre les audaces du jazz et la mémoire des musiques latino-américaines. Cet exercice difficile est suffisamment rare pour le souligner plutôt deux fois qu’une.
Gabriel Décoppet