Décidément, l’élégance continue à animer la programmation de Chorus. Après Thierry Lang, c’est le trio suisse alémanique Vein qui investissait les lieux le 27 octobre dernier. Pour l’occasion, les frères Arbenz (Michael au piano et Florian à la batterie) et le bassiste Thomas Laehns, avaient invité le saxophoniste Andy Sheppard.
Au cours de sa présentation, le boss Jean-Claude Rochat a insisté, à juste titre, sur la notion de transversalisme que défend et illustre la démarche du groupe Vein. Explications.
Si ce mot quelque peu barbare fait référence surtout à la philosophie, il prend tout son sens quand on parle culture, musicale qui plus est. Vein est l’exemple parfait d’une passerelle entre deux mondes, d’un côté le classique, de l’autre le jazz. Explorer toutes les voies, toutes les palettes du genre, telle est la gageure réussie par ces musiciens.
Cette formation suisse parle un langage contemporain, attirant ainsi de grands musiciens comme Dave Liebman, Greg Osby, Glenn Ferris, et Andy Sheppard ce soir-là. Ce saxophoniste sexagénaire et britannique manie son instrument avec grâce et élégance, à la manière d’un Lee Konitz, tout dans le souffle, en ciselant de superbes chorus.
Leurs compositions personnelles (celles du batteur Florian Arbenz en particulier) alternent avec leur interprétation d’œuvres de Maurice Ravel (Menuet, Pavane). On passe ainsi avec beaucoup de séduction du classicisme à l’écriture très contemporaine, ce qui confère à l’ensemble une modernité maîtrisée, sans oublier le groove et le swing, malgré des changements de rythmes et la complexité harmonique. Captivant.
Gabriel Décoppet